CReA-Patrimoine

Silex du Solbosch
Le « silex du Solbosch » conservé au CReA-Patrimoine
Cl. H.-L. Guillaume © PANORAMA-ULB


Lettre silex
Lettre du 19 janvier 1925 relatant la découverte du silex
© ULB

Solbosch 1922
Le campus du Solbosch en cours de construction en 1922, date approximative de la découverte du silex. À droite l’avenue Adolphe Buyl, à gauche le bâtiment U. Le bâtiment A n’existe pas encore.
© https://solbosch.wordpress.com/

Depuis 2001, le Centre de Recherches en Archéologie et Patrimoine de l’ULB fédère l'ensemble des programmes de recherche de l'Université libre de Bruxelles dans les domaines de l'archéologie et du patrimoine, tant en Belgique qu'à l'étranger. Il assure également la formation pratique des étudiants à l'archéologie et veille à la conservation du patrimoine archéologique de l’Université. Parmi ces collections, un silex préhistorique. A priori rien d’extraordinaire... Sauf qu’il fut trouvé, il y a presque cent ans, lors de la construction des premiers bâtiments de l’Université !

L’origine de la découverte est relatée dans une lettre, elle aussi conservée au CReA-Patrimoine et datée du 19 janvier 1925 : « Cher Monsieur Van Straelen, le dessinateur de notre faculté (de médecine, comme en témoigne l’en-tête de la feuille [NDLR]), Monsieur G. Van Wetter, qui se double d’un paléontologiste à ses moments de loisir, a jadis trouvé dans les fondations du Solbosch un silex taillé. Il a eu la bonne idée de me le remettre pour vous l’envoyer. Peut-être cette pièce vous sera-t-elle utile, et je la joins à cette lettre. Monsieur Van Wetter sera certes fort heureux s’il a pu apporter à vos collections un appoint de quelque intérêt. Je vous prie de croire, cher Monsieur Van Straelen, à mes sentiments les meilleurs. A.-M. Dalcq ».
La lettre est signée par Albert Maurice Dalcq (1893-1973), alors chef de travaux au Service d'anatomie et d'embryologie de l’ULB, puis, à partir de 1929, Professeur ordinaire à l’Université. Elle est adressée à Victor Van Straelen (1889-1964), célèbre paléontologue belge, qui, avant d’être nommé directeur du Musée royal d'histoire naturelle de Belgique (devenu l'Institut royal des sciences naturelles de Belgique), exerçait une carrière académique à l’ULB.

L’objet mesure 6,8 cm de long sur 5,3 cm de large, pour une épaisseur de 1,2 cm, et présente un aspect gris foncé tacheté beige, exempt de patine. Il s’agit d’un silex d’origine locale, du Hainaut ou de Hesbaye. À sa base, on distingue le plan de frappe et le bulbe de percussion, caractéristiques de la taille du silex. Une des faces porte l’inscription « Solbosch. » à l’encre rouge. Typologiquement, l’éclat est difficile à caractériser. Sa datation pourrait s’étendre du paléolithique moyen (Moustérien), soit à partir de 250 000 ans, jusqu’à la fin du Néolithique, soit 2200 av. J.-C. L’objet est inédit et n’est repris dans aucun inventaire archéologique.

Le fait qu’il ait été découvert isolé, en dehors de tout contexte stratigraphique, le rend difficilement utilisable pour les archéologues. Toutefois, il constitue l’unique témoin d’une occupation préhistorique – dont le statut ne peut être précisé sans autre artefact – au niveau du Solbosch. Même si la découverte de silex n’est pas rare dans nos régions, aucun autre objet archéologique n’a jamais été signalé dans les environs proches du Solbosch. Probablement ramassé lors de la construction du bâtiment U, entre 1922 et 1923, ou du bâtiment A, à partir de 1924, il passa de main en main, de génération en génération, tombant progressivement dans l’oubli. L’ironie du sort veut qu’il soit aujourd’hui conservé au CReA-Patrimoine, au rez-de-chaussée du bâtiment A, qui sait, peut-être à quelques centimètres seulement de son lieu de découverte !

Outre l’aspect scientifique, le « silex du Solbosch » constitue aujourd’hui un objet de sensibilisation au patrimoine archéologique pour l’ensemble des Bruxellois et de la communauté universitaire !


 

Nicolas Paridaens
Archéologue attaché au CReA-Patrimoine

Mis à jour le 14 mars 2022