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Photographie d'André Goldberg
Espace Allende - Collection d'art contemporain
André Goldberg, Hélène Gancarska, photographie, 1994, 60 x 50 cm
Tirage photographique baryté, photographie extraite de la série Le Passage du Témoin, éd. La Lettre Volée, Bruxelles, mai 1995
Photographe né en 1963, André Goldberg réalise cette série de portraits frontaux, de rescapés seuls face à l’objectif, représentant avec pudeur la douleur et la solitude face au deuil, le flou du buste évoquant le souvenir qui s’efface.
« Des visages photographiés en noir et blanc. Par leur qualité technique, mais surtout par cette constance du regard parfaitement net au centre d'un visage qui s'estompe dans le flou. Ces regards, ces visages appartenaient à des hommes et des femmes ayant survécu à la déportation et aux camps nazis. D'un coup, ces regards prenaient une autre signification. Ces yeux avaient vu, vécu l'horreur. Et aujourd'hui, malgré les souvenirs qui s'éloignent, ces hommes et femmes continuent à témoigner Une simple légende de quelques mots changeait notre vision des portraits d'André Goldberg, leur donnant une dimension tragique bouleversante ».
WYNANTS, J.-M., « Pudeur et courage des rescapés de l'holocauste », dans Le Soir, 1995.
La réédition actualisée en 2017 par les historiens de la Fondation Auschwitz du livre paru initialement en 1995 est désormais accompagnée d'un livret pédagogique. Ce projet éditorial, porté par un photographe et une sociologue, est né d'un sentiment d'urgence face à la disparition des derniers témoins directs de ces évènements tragiques. Leur ambition consistait à tenter, avec humilité et simplicité, d'écouter ce que ces témoins avaient à dire aux générations montantes et futures et à rendre la dignité des traits de ces acteurs de notre mémoire collective. Au sentiment d'urgence est venu s'ajouter l'inquiétude face à la montée en puissance de l'extrême-droite, au révisionnisme, aux épurations ethniques et à toutes les formes de racisme, de refus et de haine de l'autre qui semblent à nouveau dévorer la planète.
André Goldberg termine des études de photographie en 1988. Il est l'auteur de plusieurs recueils de portraits photographiques et de films sur des artistes belges contemporains.
Après la réalisation de plusieurs séries photographiques, éditées notamment aux éditions de La Lettre volée à Bruxelles, André Goldberg se tourne vers le cinéma à partir du milieu des années 1990. Il a réalisé depuis, plusieurs essais documentaires sur l’art contemporain et deux courts-métrages de fiction. Parallèlement, il se consacre à l’art vidéo dès le début des années 2000.
Ses installations vidéo se nourrissent des codes de la peinture baroque (la vanité, la nature morte, le portrait) et se situent dans la continuité de la réflexion et de la démarche de l'artiste autour de questions sur la mort, le deuil, le passé, l'absence et les traces fragiles de notre présence en ce monde. Questionnant l'état de la condition humaine, de l'Homme confronté à son destin de simple mortel et au caractère transitoire de sa vie sur terre.
Sa démarche se veut autant poétique que politique, notamment dans sa série récente consacrée à l’obscurantisme, sous le titre « Mes jours sont plus sombres que vos nuits » ou dans un projet en cours de réalisation sur base du poème biblique, « Le Cantique des Cantiques ».
Nathalie Lévy
Espace Allende - Collection d'art contemporain