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L’herbier de référence des collections du Jardin botanique Jean Massart
Jardin botanique Jean Massart
©️ JJM
En 2020 a commencé la réalisation d'un herbier de référence des plantes du Jardin. Cet outil de gestion indispensable à un jardin botanique compile les espèces présentes dans nos collections à un moment donné de l’histoire du Jardin. Il servira de mémoire pour les générations futures d’étudiants, de botanistes et de jardiniers. Son usage est surtout interne et doit permettre de mieux identifier les plantes pour la gestion future. Il compte aujourd’hui 368 planches : 333 ligneux et 35 plantes herbacées.
Ce travail minutieux et chronophage n’a été rendu possible que par l’arrivée de Patrick Verhaeghe comme chercheur invité dans notre équipe. Outre la création de l’herbier en soi, ce travail a permis de valider ou de préciser l’identification de certains sujets dont l’identité n’était pas confirmée à ce jour.
Qu'est-ce qu'un herbier et quelles sont ses fonctions ?
Un herbier est une « collection de plantes ou de parties de plantes desséchées sous presse, étiquetées et nommées avec rigueur […] »1.
La première mention de la constitution d'un herbier date de 1523, herbier réalisé par le botaniste italien Luca Ghini. Au XVIe siècle, les herbiers sont surtout utilisés pour illustrer les descriptions des plantes médicinales dans les livres traitant du sujet. Progressivement, du XVIIe au XIXe siècle, avec l’essor des « grandes découvertes », l’herbier passe du statut de matériel illustratif inclus dans les livres au statut de matériel scientifique pour l’étude de la biodiversité végétale partout sur terre. C’est à cette époque qu’apparaissent les premières planches d’herbier « libres » ; ceci va faciliter les échanges entre scientifiques et l’adaptation du stockage des planches en fonction de l’évolution des systèmes de classification.
Aujourd’hui, les herbiers sont devenus un fonds d’archives précieux, qui apporte des données : historiques et géographiques ; morphologiques ; chimiques, génétiques et pharmacologiques ; biologiques.
Un herbier constitue également un outil de détermination. L’Herbarium de l’Université libre de Bruxelles contient ainsi plus de sept cents spécimens-types, correspondant à sept cents nouvelles espèces décrites par des chercheurs de l’ULB. L’herbier est néanmoins plus fréquemment utilisé comme outil d’identification des plantes.
Il s’agit encore d’un formidable outil pour étudier la biodiversité et son évolution. En effet, les herbiers permettent, d’une part, de démontrer qu’une espèce est menacée de disparition ou en voie d'extension par comparaison des anciens herbiers avec la flore actuelle ; de l’autre, ils offrent l’opportunité de mettre en évidence l'évolution de populations de plantes.
Enfin, l'herbier est un outil d'enseignement : la formation des botanistes, des bioingénieurs et des pharmaciens repose aujourd’hui encore tant sur la constitution d’herbier que sur la disponibilité des herbiers de référence.
©️JJM
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La réalisation d'un herbier
Le travail commence par le terrain (dans notre cas, les collections du Jardin Massart), où l'on récolte les plantes en leur attribuant un numéro et en notant leurs caractéristiques morphologiques, l’identification pouvant se faire ultérieurement. La localisation et la description de la station de récolte sont également renseignées.
Au retour du terrain, l’on procède à l'identification des plantes récoltées, avant de les mettre à sécher pendant plusieurs jours. Une fois sèche, chaque plante est montée sur planche et accompagnée d'une étiquette détaillant son nom scientifique, sa famille, sa localité (nom de la commune, du lieu-dit ou, dans notre cas, de la collection ou parcelle du Jardin), ses coordonnées géographiques si possible, la description de son habitat, la date de récolte, le nom du récolteur et le numéro de récolte. L’ensemble de ces informations sont ensuite encodées dans une base de données.
Une fois ce travail accompli, les planches d'herbier passe à la désinsectisation. Au Jardin botanique Jean Massart, cela se correspond à un séjour dans un congélateur sec. Les planches sont ensuite stockées par famille botanique selon la dernière classification phylogénétique (APG IV).
Une banque de données photographiques, qui met en évidence des caractéristiques éphémères comme la couleur des fleurs ou le port de la pilosité par exemple, est en construction et accompagnera l’herbier du Jardin Massart.
©️JJM
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Un herbier de référence mis à l’honneur
Dans le cadre du Fascination of Plants Day, le Jardin botanique Jean Massart a présenté une exposition dédiée aux herbiers. Plus de 40 planches ont été exposées, accompagnées d’une dizaine de posters faisant le lien entre les herbiers et la recherche au XXIe siècle.
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Alexia Totte (en collaboration avec Patrick Verhaeghe)
1 Larousse.fr