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Extraction de la pierre de folie, huile sur bois.
Musée de la Médecine
Anonyme, Extraction de la pierre de folie, huile sur bois, ca. 1650-1700, n° inv. MM-1996-002.
Si les supercheries médicales sont légion au XVIIe siècle, la plus courante est l’extraction de la pierre de tête ou pierre de folie. Ce corps étranger provoquerait de multiples maux au patient qui demande alors à un barbier de le retirer. Le charlatan effectue une incision sur le haut du crâne et, par un tour d’adresse, fait tomber une pierre qu’il tient à la main en affirmant au patient qu’elle provient de sa tête. Cette pratique fait allusion à une croyance populaire selon laquelle la folie serait causée par la présence d’une lithiase dans la boîte crânienne. La psychiatrie moderne n’apparaît en effet qu’aux alentours de 1850, lorsque les aliénistes, ancêtres des psychiatres, tentent d’isoler les causes et de préciser l’évolution des maladies mentales. Dans cette peinture satyrique, le client est assis à une table alors qu’un barbier lui ouvre le haut de la tête. Le personnage grivois qui se trouve à l’arrière-plan indique au spectateur le comique de la scène, tandis que le crâne présent sur la table, symbole par excellence de la vanité humaine, évoque la futilité de cette opération. Une vieille femme portant un fichu, qui observe ici l’opération depuis le fond de la salle, est toujours associée à cette iconographie. Les représentations de lithotomie sont en vogue parmi les peintres de l’École hollandaise, entre le XVe et le XVIIe siècle, qui se moquent de la naïveté des clients trompés. Ce tableau y est vraisemblablement affilié, comme en témoigne le faux-cadre en trompe-l’œil entourant la scène, caractéristique de ce courant. Par ailleurs, le rideau ornant l’angle supérieur droit de l’œuvre permet de la dater de la seconde moitié du XVIIe siècle, et le spectateur peut l’interpréter comme une invitation à prendre part à la duperie qui se joue sous ses yeux.
Musée de la Médecine