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Archéoptéryx
Muséum de zoologie
L’exposition Évolution organisée sur le campus Flagey par le Muséum de zoologie et d’anthropologie et le Centre de Culture scientifique de l’ULB est agrémentée de nombreux spécimens, pour la plupart naturalisés. Une pièce particulière attire l’attention ; il s’agit d’une espèce disparue : l’archéoptéryx. Cet animal a été modélisé par Liévin Castelain, spécialiste en création, moulage, conservation et restauration de naturalia [1].
L’archéoptéryx est un dinosaure théropode du groupe des oiseaux, qui vécut il y a environ 150 millions d’années et dont plusieurs spécimens fossiles ont été découverts en Allemagne. Il mesurait environ 40 cm et son nom signifie « ailes anciennes » ; il possédait des ailes, des muscles et un système nerveux qui leur permettaient de voler.
Archæopteryx présente une mosaïque de caractères, certains partagés avec les oiseaux actuels (ailes bien développées, présence de plumes asymétriques), d’autres non (dents, queue allongée).
Les plumes apparues chez les groupes plus anciens de dinosaures auraient, à l’origine, permis l’isolation thermique, le camouflage ou la communication sexuelle. Chez les oiseaux, les plumes sont bien entendu indispensables au vol.
Liévin Castelain évoque son travail de reconstitution :
« Une reconstitution d’espèce récemment disparue ne présente que des problématiques d’ordre technique : comment arriver à reproduire fidèlement l’animal ? Mais pour un spécimen que l’on ne connaît que par des fossiles, il y a une large part d’interprétation ; c’est la fameuse « vue d’artiste ».
Au niveau morphologique, les fossiles suffisent à déterminer les mensurations. Le spécimen de Berlin, dont une copie est conservée au Muséum de zoologie, est le plus complet du genre et permet même de se faire une idée précise de la forme des ailes et de la queue. Ensuite, à quelques approximations près, c’est une question de mise en forme.
Et la couleur ? À ce niveau certaines reconstitutions frôlent l’excentricité, mais dans ce cas précis, faire preuve de trop d’imagination serait faire l’impasse sur ce que la recherche scientifique parvient à extraire d’une plaque de calcaire. En réalité, l’analyse de la morphologie des structures pigmentaires fossilisées comparées à celles des oiseaux modernes permet de conclure sur la prédominance du noir. Mieux encore, des techniques d’analyses chimiques non-invasives aux noms très savants sont en mesure de cartographier les éléments-traces métalliques et les sulfures organiques à partir desquels on détermine les couleurs. Jusqu’ici, pour l’archéoptéryx, du noir et du blanc, sachant aussi qu’il manque la majorité des plumes du corps sur ces fossiles.
Tout porte à croire qu’il y avait davantage de blanc que sur la présente reconstitution, en dégradé sur les ailes notamment. Sur ce point on en revient à des considérations techniques ; ce que la science a démontré n’est pas forcément facile à recréer. Cette reconstitution d’archéoptéryx est donc le résultat d’un raisonnement mêlant des arguments scientifiques, des contraintes techniques et, bien entendu, le souci de l’esthétique. »
[1] https://www.lievin-castelain.be/
Laurence Belalia
Conservatrice du Muséum de zoologie