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La Brunsviga 13RM
Collection informatique
C’est une machine entièrement mécanique, qui permet d’effectuer (avec un peu d’effort, comme nous le verrons) les quatre opérations usuelles. Même si ces machines ont aujourd’hui été toutes remplacées par leurs descendantes électroniques (voire par des téléphones portables), elles ont été en usage assez longtemps ; en tout cas au moins jusqu’à la fin des années ‘60, époque à laquelle les machines électroniques ne pouvaient pas fonctionner sur piles très longtemps, ce qui limitait leur usage en-dehors des bureaux. Le modèle présenté ici a été produit en Espagne entre 1964 et 1970. C’est une machine assez compacte (environ 35 cm de large et environ 20 cm de hauteur et de profondeur), mais qui pèse quand même 6,5 kg… Cette machine a été restaurée récemment et est en parfait ordre de marche.
Si son principe de fonctionnement est très simple, il permet néanmoins de réaliser des opérations complexes… au prix d’un peu d’efforts de la part de l’utilisateur.
La machine possède une entrée et deux sorties appelées « registres » (Fig. 1). Les deux registres de sortie sont respectivement l’accumulateur et le compteur. On change la valeur du registre d’entrée en manipulant les picots qui se trouvent sur le dessus de la machine (Fig. 2). Cela actionne une série de roues qui servent à stocker la valeur par leur position (Fig. 3). Ensuite, on tourne la manivelle sur la droite. Un tour de manivelle dans une direction ajoutela valeur du registre d’entrée à l’accumulateur, tandis que l’autre direction retranchecette valeur à l’accumulateur. On peut ainsi réaliser des sommes et différences de nombres en les introduisant successivement dans le registre d’entrée…
Mais il y a plus : chaque rotation de la manivelle a aussi un effet sur le compteur. Si la premier opération effectuée après avoir remis la machine à zéro est une addition, le compteur sera augmenté de 1 à chaque addition et diminué de 1 à chaque soustraction (et vice-versa si la première opération était une soustraction). Par exemple, la Fig. 4 montre l’état des registres de sortie si on a mis la valeur 143 dans le registre d’entrée et tourné 3 fois la manivelle dans le sens « + ». Une rotation supplémentaire dans le sens « - » aura pour effet de ramener l’accumulateur à 429-143 = 286 et le compteur à 2.
Ce compteur nous permet maintenant de faire des multiplications et des divisions… Supposons, par exemple, que nous souhaitions multiplier 143 par 3 : nous introduisons la valeur 143 dans le registre d’entrée et nous effectuons trois tours de manivelle dans le sens « + », c’est-à-dire jusqu’à ce que le compteur prenne la valeur 3, comme sur la Fig. 4. Le résultat est alors dans l’accumulateur : 143+143+143 = 3×143 = 429 !
Pour la division, nous procédons par soustractions successives. Supposons que nous souhaitions diviser 47 par 8. Nous commençons par placer la valeur 47 dans le registre d’entrée et nous faisons un tour « + » pour placer cette valeur dans l’accumulateur :
Compteur |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
Accumulateur |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
4 |
7 |
On remet le compteur à zéro et charge la valeur 8 dans le registre d’entrée :
Compteur |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Accumulateur |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
4 |
7 |
On peut alors commencer à soustraire 8 jusqu’au moment où « ce n’est plus possible », c’est-à-dire que la valeur restant dans l’accumulateur est plus petite que 8. Après un tour de manivelle dans le sens « - », on a donc :
Compteur |
0 |
0 |
0 |
0 |
1 |
Accumulateur |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
3 |
9 |
Après deux tours :
Compteur |
0 |
0 |
0 |
0 |
2 |
Accumulateur |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
3 |
1 |
Etc. Au bout de 5 tours, on a :
Compteur |
0 |
0 |
0 |
0 |
5 |
Accumulateur |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
7 |
Le compteur a bien compté le nombre de soustractions. Le nombre de départ (47) contient donc 5 fois 8 et il reste 7. C’est la réponse à notre question : 47 divisé par 8 vaut 5 et il reste 7.
La machine possède encore de nombreuses autres possibilités, comme celle de décaler l’accumulateur, de manière à ajouter 10 fois, 100 fois, 1000 fois… la valeur du registre d’entrée (cela accélère les multiplications), par exemple.
Sous leur aspect un peu rustique, ces machines ont, durant de nombreuses années, rendu de grands services à ceux qui savaient s’en servir… et n’avaient pas peur d’utiliser de l’huile de coude !